Solitude, oui les jeunes aussi
- Aline Mikolajek

- Feb 18, 2024
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Deux sondages récents montrent que les jeunes sont plus nombreux à se sentir seuls, désormais, que les personnes âgées. Or l'isolement peut avoir des conséquences sur la santé mentale.
Chez les jeunes, la proportion de ceux qui se sentent seuls, isolés, serait plus élevée que chez les personnes âgées. Ce résultat d’un sondage Ifop, réalisé ce mois-ci, surprend. Car cette période de la vie est vue, généralement, comme celle où l’on noue le plus de liens d’amitié ou de relations amoureuses.
Ce résultat inquiète, aussi, sachant que l’isolement peut avoir des conséquences sur la santé mentale. Les chiffres ont été rendus public le 23 janvier à l’occasion de la Journée des solitudes, lancée en 2018 par l’association Astrée, et commentés par de nombreux médias.
Si plus de quatre Français sur dix (44 %) affirment se sentir régulièrement seuls, les 18-24 ans sont 62 % à partager ce constat, contre 37 % chez les plus de 65 ans. Ce sont les conclusions d’une étude réalisée par questionnaire auto-administré du 9 au 11 janvier 2024 auprès d’un échantillon de 2 432 personnes âgées de 18 ans et plus.
Le sujet reste tabou parmi les jeunes, où la honte de passer pour un “sans-ami” reste forte. Cependant, ils sont de plus en plus nombreux, sur internet et les réseaux sociaux, à assumer se sentir seul.
Des chercheurs et des responsables d’association se penchent sur les causes d’un phénomène qui a commencé avant l’épidémie de Covid. Les revenus modestes et la précarité, aggravée par l’inflation, sont pointés du doigt car limitant les possibilités de sorties pour cette génération. Incriminé aussi : le temps croissant passé sur internet, qui permet des rencontres virtuelles mais à travers lequel “on ne tisse pas de vrais liens”, selon la déléguée générale de l’association Astrée, Gentiana Malo.
Famille, amis, voisins, collègues ou camarades : lesquels de ces liens sociaux sont les plus touchés ? Aux Etats-Unis et en France, certains observateurs estiment que ce sont ceux avec les voisins et les gens du quartier qui se sont affaiblis. “Se recentrer post-pandémie sur la famille et le cercle proche aurait laissé un grand vide, celui laissé par la perte de contact avec les gens que nous connaissons à peine, qui pourtant occupent une place importante dans nos vies”, écrit la journaliste Laure Coromines.
Cet effet est si bien établi que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé en novembre 2023 la création d’une commission sur le lien social. Celle-ci a pour mission, pendant trois ans, « d’aborder la question de la solitude en tant que menace urgente pour la santé, de promouvoir en priorité les liens sociaux et d’accélérer la mise à l’échelle des solutions dans les pays, indépendamment de leur niveau de revenu ».
L'importance des relations sociales pour notre santé mentale est aujourd’hui démontrée par des études scientifiques. “Le soutien social est l’un des facteurs les plus influents et remarquables”, souligne l’association Minds basée à Genève (Suisse). “Les choses n’ont pas besoin d’aller mal pour que nos relations sociales nous soient utiles : au quotidien, les petits actes d’entraide boostent notre bien-être”, indique-t-elle dans son infographie publiée en 2023.




